Un usage écoresponsable du web, c’est possible ?
La révolution numérique a profondément transformé notre manière de vivre, de travailler et de communiquer. Beaucoup de nos interactions, personnelles ou professionnelles, passent désormais par internet. D’après l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), en 2022, les Français ont passé en moyenne 4,6 heures chaque jour devant un écran, ce qui représente 29 % du temps hors sommeil.
Bien qu’elles ne soient pas visibles, toutes nos connexions à internet ont un coût environnemental, souvent sous-estimé, mais bien réel : c’est ce que l’on appelle l’empreinte carbone du numérique. Sa part dans les émissions globales de gaz à effet de serre est estimée à 4 % dans le monde et à 2,5 % en France selon l’ARCEP, et celle-ci est en constante augmentation. Elle pourrait atteindre 7 % des émissions françaises en 2040. Pourtant des mesures sont possibles pour développer un usage du numérique responsable. Alors, comment utiliser internet de manière écoresponsable ?
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Quels sont les impacts environnementaux d’internet ?
Les impacts environnementaux d’internet et de la pollution numérique prennent une importance de plus en plus grande à mesure que notre dépendance à la technologie s’accroît. La pollution numérique provient essentiellement de trois sources :
- les équipements informatiques ;
- les centres de données ;
- les services et applications numériques.
Les équipements informatiques
Ce sont nos smartphones et nos ordinateurs. À eux seuls, ils sont à l’origine d’une part significative de la pollution numérique. La fabrication d’un smartphone génère un peu moins de 40 kg de CO2, tandis qu’un ordinateur portable peut aller jusqu’à 180 kg de CO2 environ, selon les données de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Cette empreinte carbone élevée s’explique par l’extraction et la transformation des matières premières nécessaires à leur production, l’énergie consommée durant le processus de fabrication, et le transport des produits finis. De plus, la courte durée de vie de ces appareils, souvent remplacés avant leur obsolescence fonctionnelle, contribue à augmenter leur impact environnemental, en générant des déchets électroniques difficiles à recycler.
Les centres de données
Les centres de données ou data centers, qui hébergent l’infrastructure derrière les services et applications numériques, consomment d’immenses quantités d’électricité pour le stockage et le traitement des données, et d’eau, notamment pour le refroidissement de ces installations. Ils représentent au moins 1 % de la consommation mondiale d’électricité, selon l’Agence internationale de l’énergie. Ce chiffre double en prenant en compte aussi les réseaux de transmission de données. Une consommation d’énergie qui, dans des pays où l’électricité est produite à partir de sources fossiles, contribue directement aux émissions de gaz à effet de serre. En tout, il y en aurait pour plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an !
Les services et applications numériques
Les émissions des datacenters concernent tous les services et applications numériques. Même s’il est difficile de s’en rendre compte en cliquant ou en scrollant, ces services requièrent des ressources matérielles considérables pour fonctionner. Chaque recherche sur internet, chaque heure de streaming vidéo ou chaque téléchargement mobilise les serveurs des data centers, engendrant ainsi une empreinte carbone non négligeable. Celle-ci est d’autant plus invisible que les émissions liées ont souvent lieu à des milliers de kilomètres des utilisateurs.
La nécessaire prise de conscience concernant les impacts environnementaux du numérique incite donc à adopter de bonnes pratiques pour les réduire autant que possible. Quelles sont les bonnes pratiques pour une utilisation écoresponsable d’internet ?
Voici 15 bonnes pratiques pour réduire le poids de vos usages numériques :
La part d’internet dans l’empreinte carbone augmente. 4 à 6 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent d’internet. Si elle reste faible, elle augmente avec le développement des usages. Comment réduire le poids de vos usages numériques ? En adoptant 15 bonnes pratiques :
- 1. Limiter le partage de fichiers lourds
- 2. Nettoyer vos espaces de stockage en ligne
- 3. Désactiver un maximum de notifications
- 4. Limiter son temps d’écran
- 5. Supprimer les applications non utilisées
- 6. Saisir une adresse internet plutôt que de la « rechercher ». Moins 75 % d’impact énergétique !
- 7. Privilégier des acteurs écoresponsables : Ecosia, Lilo, Posteo, Ecomail
- 8. Eviter d’ouvrir 20 onglets internet
- 9. Evaluer l’utilité, l’urgence et le nombre de destinataires de vos messages
- 10. Se désabonner des newsletters non lues
- 11. Télécharger plutôt que streamer
- 12. Adapter la résolution vidéo à l’écran de consultation
- 13. Désactiver la lecture automatique des vidéos
- 14. Passer en mode avion quand vous n’utilisez pas vos appareils
- 15. Entretenir, réparer et recycler ses équipements (50 % d’émissions de gaz à effet de serre)
Toutes les actions comptent. A vous d’agir !
- Limitez le partage de fichiers lourds, comme les selfies à répétition, les vidéos ou les pièces jointes ;
- Nettoyez vos espaces de stockage en ligne, comme votre cloud, vos dossiers webmail, votre historique de navigation ou le nombre de cookies ;
- Désactivez un maximum de notifications ;
- Limitez vos temps d’écran, sur ordinateur et sur smartphone ;
- Supprimez les applications non utilisées ;
- Saisissez une adresse internet plutôt que de la « rechercher » sur un moteur de recherche : c’est 75% d’impact énergétique en moins ;
- Privilégiez des acteurs écoresponsables, comme Ecosia, Lilo, Ecomail ou Posteo ;
- Evitez d’ouvrir 20 onglets internet en même temps ;
- Évaluez l’utilité, l’urgence et le nombre de destinataires de vos messages pour limiter le nombre de messages envoyés ;
- Désabonnez-vous des newsletters non lues ;
- Privilégiez le téléchargement plutôt que le streaming. Cela vaut pour les vidéos bien sûr mais aussi les podcasts et la musique ;
- Adaptez la résolution vidéo à l’écran de consultation, en optant par exemple pour la basse définition sur smartphone ;
- Désactivez la lecture automatique des vidéos ;
- Passez en mode avion quand vous n’utilisez pas vos appareils ;
- Entretenez, réparez et recyclez vos équipements.
Comment agir au niveau de votre entreprise ?
Pour les professionnels, plusieurs solutions et méthodes existent pour rendre votre activité en ligne plus durable, et développer une pratique numérique responsable :
- Privilégiez l’achat de matériel informatique reconditionné ou d’occasion ;
- Recyclez vos appareils : vous pouvez déposer vos appareils électriques et électroniques dans les bornes de collecte dédiées (trouvez les bornes près de chez vos sur le site d’Ecologic), dans les ressourceries, ou encore via les reprises à l’achat en magasin ;
- Incitez vos collaborateurs à adopter les bons gestes : collez des petites étiquettes qui rappellent les bons gestes à des endroits stratégiques (machines à café, imprimantes, tapis de souris, etc.), inscrivez dans les signatures de mail que vous préférez recevoir des liens de téléchargement que des pièces jointes par exemple ;
- Optez pour un fournisseur de cloud plus écologique. Parmi les fournisseurs français soucieux de l’environnement, vous pouvez vous rapprocher d’OVH Cloud, de Leviia ou encore de Cozy ;
- Réduisez le poids des contenus de votre site web.
Quel état des lieux pour les fournisseurs de cloud ?
Le cabinet de conseil Timspirit a réalisé en 2023 un classement des fournisseurs de cloud en France en fonction de plusieurs indicateurs environnementaux avec les trois principaux acteurs américains (Amazon AWS, Google Cloud, Microsoft Azure) et les deux principaux acteurs français (OVH et Scaleway). Tous affichent des scores allant de 1,1 à 1,3, sachant que le meilleur score possible est 1. Leur consommation d’eau pour le refroidissement est comprise entre 0,20 et 0,50 litre par kWh d’énergie consommée, tandis que leurs émissions carbone ne sont pas révélées par la plupart des acteurs. Seule l’entreprise française OVH admet émettre publiquement 0,20 tonne d’équivalents CO2 par MWh d’énergie consommée.
Quels sont les critères à prendre en compte pour choisir un cloud écologique ?
- Le bilan carbone. Assurez-vous que le bilan carbone de votre fournisseur est public et qu’il tient compte des trois scopes (gaz à effet de serre émis directement par l’entreprise, émissions indirectes et liées à l’énergie émissions indirectes). Ce dernier est très important car il inclut la fabrication des équipements et dont l’impact est considérable.
- Le Power Usage Effectiveness (PUE), ou la performance en matière de consommation énergétique. Cet indicateur est calculé en divisant le total de l’énergie consommée par le datacenter par le total de l’énergie utilisée par les équipements informatiques (serveurs, stockage, réseau).
- Le Water Usage Effectiveness (WUE), ou la performance en matière de consommation d’eau. Cet indicateur mesure le rapport entre l’eau utilisée par le datacenter et l’électricité fournie au matériel informatique.
- Le Carbon Usage Effectiveness (CUE), ou l’empreinte carbone. Cet indicateur calcule le volume de gaz à effet de serre généré par les équipements informatiques des datacenters.
- La politique de réutilisation des composants. Plus un serveur fabrique de composants, plus son empreinte environnementale est importante. Vérifiez que votre fournisseur s’engage à réparer, réutiliser et allonger la durée de vie de ses composants au maximum.
Comment rendre votre site internet écoresponsable ?
Comment faire pour développer un site internet écoresponsable ? Le mieux est de commencer par optimiser le poids des images et des médias pour réduire la quantité de données transférées lors du chargement des pages.
Ensuite, choisissez un hébergement web vert, qui utilise des énergies renouvelables et adopte des pratiques durables dans la gestion de ses datacenters, afin de minimiser l’impact environnemental de l’hébergement.
Enfin, pensez à opter pour une conception minimaliste qui rend le site plus rapide et accessible, et réduit également la consommation d’énergie lors de la navigation.
Un site écoresponsable est aussi un site plus performant. C’est le cas du site institutionnel du Groupe RATP, dont le trafic a nettement augmenté depuis sa refonte en éco-conception. Margaux Nattier-Vasseur, responsable de cette refonte, témoigne.
« Depuis la mise en ligne, nous avons changé la manière de travailler sur nos contenus. Nous essayons de faire du qualitatif plutôt que du quantitatif. Avec l’éco-conception, nos pages se chargent aussi plus rapidement ce qui offre une meilleure expérience à nos utilisateurs. Et ça fonctionne : notre trafic a doublé ! »
Pour en savoir plus, découvrez notre article Être responsable à l’ère du numérique grâce à l’éco-conception de son site internet.
D’autres astuces peuvent aider à réduire l’empreinte carbone de votre site. Par exemple : choisir des couleurs pâles, optimiser la taille moyenne des pages pour améliorer leur chargement, réduire le nombre de vidéos sur le site, etc.
À savoir : L’Afnic, dans le cadre de son engagement de parvenir à terme à la neutralité carbone du .fr, réalise d’ambitieuses mesures de réduction de ses émissions de CO2. Ainsi, en 2021, son bilan des émissions de gaz à effet de serre s’élevait à 638 tonnes d’équivalents CO2, en baisse de 37 % en trois ans.
Toutes les actions comptent ! A vous d’agir !
Article rédigé par les experts du .fr