AccueilEspace 16-25 ansLes clés d’internetComment ça marche ?Comment fonctionne le dark web ? 
  • Le dark web, c’est quoi ? 
  • Le dark web est-il légal ? 
  • Le dark web, un véritable refuge numérique
  • Naviguer sur le dark web, c’est gratuit ou payant ?
  • Qui gère le dark web ?
  • Quels sont les risques liés au dark web ?
  • « .onion », « .I2P »... Quels sont les noms de domaine (étonnants) utilisés sur le dark web ?
  • Conclusion : le dark web, pas si dark que ça ! 
  • Le dark web, c’est quoi ? 

    Origines et définition du dark web

    Le concept du dark web remonte aux années 1970, quand des réseaux isolés ont été créés pour sécuriser des communications ultra sensibles, notamment dans les domaines militaire et scientifique. Ces réseaux fonctionnent en parallèle du Web traditionnel et sont accessibles uniquement via des navigateurs comme Tor, I2P, Freenet ou Zeronet. C’est pourquoi ils sont souvent présentés comme des « réseaux cachés ».

    Malgré son image mystérieuse, le dark web constitue une toute petite partie d’Internet : il représenterait seulement 0,005 % de la toile. Sur les 2 millions d’utilisateurs quotidiens de Tor, à peine 1,5 % (soit environ 30 000 personnes) visitent réellement des sites cachés ou illégaux (Tor Metrics, 2024). Bref, l’usage du dark web est bien plus limité qu’on ne l’imagine et, comme nous le verrons par la suite, pas si illégal !

    Surface web, deep web et dark web : quelles différences ?

    Pour imager, internet peut être divisé en trois couches principales, qui ont toutes leurs propres caractéristiques : le web de surface (parfois appelé « web surfacique » ou « le surface web »), le deep web, et le dark web. 

    • Le web de surface, c’est la partie visible d’internet, celle que tout utilisateur peut facilement explorer via des navigateurs type Firefox, Chrome, Edge ou Safari. Il regroupe les sites indexés et accessibles au grand public, comme les blogs, les sites d’actualités ou les plateformes e-commerce. Cette partie d’internet représenterait environ 10 % du contenu total.
    • Le deep web (ou « web profond ») regroupe toutes les pages et les sites web dans un espace protégé puisqu’il faut des accès ou liens spécifiques pour pouvoir y accéder. Cela inclut des informations personnelles et professionnelles, telles que des e-mails, des dossiers médicaux, les interfaces bancaires, les pages d’administration d’un site web, des intranets ou des archives gouvernementales. Cette partie représenterait donc une grosse majorité des contenus disponibles sur le web.
    • Le dark web se trouve en marge du deep web. Cet espace est accessible via des navigateurs adaptés comme Tor Browser ou I2P. Ces technologies permettent d’anonymiser le trafic et de masquer l’identité ainsi que la localisation des utilisateurs.

    Le dark web fait partie d’un univers numérique plus complexe qu’il n’y paraît. Bien qu’il soit souvent vu comme une zone de non-droit, y accéder et y naviguer n’est en rien illégal en France. En revanche, il est interdit de se rendre sur le dark web afin de pratiquer des activités illégales telles que la cybercriminalité (vol de données, le piratage) ou le commerce illégal (marché noir). 

    Le dark web, un véritable refuge numérique

    Certes, étant donné l’anonymat qu’il garantit, le dark web représente un terrain propice à moins de contrôle et donc à plus de clandestinité et de criminalité. Cependant, dans un monde où la surveillance est de mise, il peut servir de refuge numériqueà tous ceux qui ont besoin de protéger leur vie privée. Les journalistes et lanceurs d’alerte y jouent par exemple un rôle clé pour défendre la liberté d’expression et celle de la presse. Ils s’appuient sur le dark web pour accéder à des sources sensibles, mais aussi pour protéger ces dernières et diffuser des informations à l’abri de la censure et des menaces.  

    Avec le temps, Tor s’est même imposécomme un outil essentiel pour les militants politiques et journalistes dont la liberté d’expression est mise en danger. L’ONG Reporters sans frontières a intégré le réseau Tor dans son « kit de survie numérique », destiné aux reporters de guerre et journalistes d’investigation. 

    À l’heure où nos faits et gestes (numériques) sont suivis à la trace, par exemple via les cookies, le dark web peut donc être un outil efficace pour protéger les données personnelles. Les utilisateurs peuvent y sécuriser leurs communications et préserver leur anonymat en ligne. 

    Quelques exemples de sites existants sur le dark web : 

    • SecureDrop est une une plateforme conçue pour permettre aux lanceurs d’alerte de partager des documents en toute sécurité et anonymat.
    • Le darknet héberge également des versions alternatives de plateformes sociales grand public, tels que Dread, une communauté de discussion qui fonctionne comme un équivalent de Reddit, où les utilisateurs échangent sur divers sujets en toute confidentialité. 
    • De son côté, Mastodon, également disponible sur le web classique,propose des instances accessibles via le darknet, offrant ainsi une alternative décentralisée et plus sécurisée à X (anciennement Twitter).

    Le dark web permet donc aux utilisateurs de s’exprimer librement, et de contourner la censure en protégeant leur anonymat. L’ancien agent de la CIA, Edward Snowden, a notamment utilisé Tor en 2013 pour transmettre des documents classifiés de la NSA aux journalistes. 

    Combien ça coûte de se rendre sur le dark web ? En fait, c’est en grande partie gratuit, notamment grâce aux navigateurs permettant d’y accéder tels que Tor, I2P, Freenet ou Zeronet, qui sont tous disponibles en téléchargement libre. Ces logiciels, conçus pour garantir l’anonymat et la confidentialité, ne nécessitent aucun frais pour leur utilisation de base. 

    Certaines ressources ou services spécifiques sur le dark web, tels que des forums privés ou l’accès à des bases de données, peuvent toutefois exiger un paiement, souvent effectué en cryptomonnaies pour préserver l’anonymat des transactions. 


    Peut-on acheter sur le darknet, de façon légale, des produits que l’on peut trouver sur le web ordinaire ?

    La réponse est oui ! Tout n’est pas illégal sur le dark web. Il est tout à fait possible d’y acheter des produits légaux comme des vêtements, des jeux vidéo ou des objets de collection, entre autres. Cependant, il est important de veiller à ne pas tomber sur des arnaques.


    Qui gère le dark web ?

    Il n’y a pas un « grand patron » du dark web : c’est un réseau de l’open source, et donc décentralisé dont les réseaux les plus connus (Tor, Freenet ou I2P), sont gérés par des organisations publiques ou des individus. 

    Au global, les gestionnaires peuvent être très variés : des activistes ou organisations militantes, des communautés cherchant à préserver leur vie privée, ou encore des groupes criminels exploitant l’anonymat pour effectuer des activités illégales. 

    En réalité, le dark web est donc davantage un « environnement » qu’un espace structuré. Sa gestion repose donc sur une multitude d’acteurs ayant des motivations très différentes, allant de la protection des droits fondamentaux à l’exploitation criminelle, pour une petite minorité.

    Quels sont les risques liés au dark web ?

    Le dark web peut être utilisé à des fins légitimes ou illégales, en fonction des intentions de ses utilisateurs, ce qui est également le cas sur le web de surface. Les risques potentiels et les comportements à adopter sont les mêmes, quel que soit la partie d’internet utilisée.

    Sur le dark web, il est toutefois plus difficile d’identifier l’hébergeur d’un site, ce qui peut compliquer sa suppression par les autorités en cas d’activité illégale.

    Parmi les « dangers » qu’il faut redouter : 

    • Le téléchargement de malwares et virus : les publicités ou le téléchargement de fichiers sur le dark web peuvent entraîner l’installation de logiciels malveillants conçus pour voler vos données ou compromettre votre appareil.
    • Les escroqueries : les paiements effectués sur le dark web n’offrent aucune garantie, exposant les utilisateurs à des arnaques fréquentes et à des transactions sans livraison de produit.
    • Une surveillance : le dark web ne garantit pas un total anonymat. Les autorités et même des cybercriminels peuvent surveiller certaines activités ou tenter d’identifier ses utilisateurs.

    Afin de minimiser ces risques, il est donc crucial d’adopter des comportements prudents : le mieux reste d’éviter de télécharger des fichiers ou de communiquer des informations personnelles (nom, prénom, adresse, etc.).

    « .onion », « .I2P »… Quels sont les noms de domaine (étonnants) utilisés sur le dark web ?

    Le dark web utilise des noms de domaine très différents de ceux de l’internet traditionnel, adaptés aux réseaux privés et anonymes qu’il héberge. Chacun des principaux réseaux du dark web a ses propres extensions et mécanismes d’adressage :

    • Tor : les sites accessibles via le réseau Tor ont des noms de domaine spécifiques se terminant par l’extension .onion. 
    • I2P : sur le réseau I2P, les adresses des sites se terminent par .i2p. Tout comme Tor, I2P permet une navigation anonyme, mais son fonctionnement est légèrement différent, pouvant permettre un peu plus de confidentialité dans les échanges entre utilisateurs à l’intérieur du réseau.
    • Freenet : contrairement à Tor et I2P, Freenet ne s’appuie pas sur un système de noms de domaine traditionnel avec des extensions comme .onion ou .i2p. Les sites sur Freenet utilisent des identifiants uniques générés à partir de clés cryptographiques, ce qui rend chaque adresse distincte et difficile à tracer.
    • ZeroNet : les adresses ZeroNet, quant à elles, utilisent des clés publiques Bitcoin comme identifiants uniques. Cette méthode permet aux sites de bénéficier d’un haut niveau de sécurité et d’anonymat, tout en étant décentralisés, car le réseau ZeroNet fonctionne via un système peer-to-peer.

    Les extensions classiques trouvées sur le dark web

    La confusion entre les sites web classiques (avec des extensions comme .fr ou .com), et le dark web vient du fait que certains navigateurs (comme Tor) permettent d’accéder au dark web, tout en offrant un moyen de naviguer anonymement sur le web classique. Vous pouvez donc aussi consulter un site classique via le réseau Tor. Sur ce navigateur, le véritable dark web est pour sa part constitué uniquement des extensions en .onion.


    Conclusion : le dark web, pas si dark que ça ! 

    Même s’il représente une infime partie d’internet, le dark web incarne un paradoxe : refuge pour la protection de la vie privée et la liberté d’expression, c’est aussi un espace qui, sur le papier, semble idéal pour les cybercriminels et les activités frauduleuses car il offre un haut niveau d’anonymat.

    Si les réseaux comme Tor ou I2P permettent à des journalistes, militants ou citoyens sous surveillance de préserver leur anonymat, ils attirent également ceux qui exploitent ces outils pour contourner la loi car ils pensent y être davantage protégés que sur le web de surface.

    Réguler le dark web constitue d’ailleurs un défi majeur pour les législateurs : il s’agit de pénaliser les comportements criminels tout en respectant les droits fondamentaux à la vie privée et à la liberté d’information en vigueur dans chaque pays concerné.

    Mais au-delà des clichés d’un espace anarchique ou d’un « no man’s land », le dark web illustre les enjeux cruciaux de la gouvernance numérique dans un monde de plus en plus interconnecté.

    Article rédigé par les experts du .fr

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