AccueilEspace 16-25 ansLes clés d’internetComment ça marche ?Le métier d’influenceur a-t-il de l’avenir ?
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« Vous pensiez avoir tout vu ? Eh bien j’espère que vous êtes bien assis ! », c’est ainsi que le journaliste Hugo Clément a ironisé sur la première école d’influenceurs française qui s’est ouverte cette année. Une école dont la bande annonce est une succession de clichés en mode vie de rêve à Dubaï. Mais influenceur est loin d’être ce portrait qui sent l’arnaque et pose des questions d’éthique. 

C’est quoi un influenceur ? 

Les médias traditionnels (TV, presse) font beaucoup cas des grands influenceurs, célébrités ou stars issues de l’univers de la téléréalité. Il existe cependant des influenceurs de tous horizons et sur tous les sujets, du maquillage à l’écologie en passant par la santé ou l’éducation. Citons par exemple Dr Nozman sur YouTube, MaitresseAdeline sur TikTok ou Instagram

Un influenceur est à l’origine un utilisateur de réseaux sociaux qui s’est créé une communauté qui le suit et qui plébiscite son avis sur la base des contenus déjà publiés. Si sa communauté est suffisante, l’influenceur va pouvoir utiliser sa notoriété pour gagner des revenus. Il peut notamment valoriser son poids social auprès des marques pour publier des posts sponsorisés, et donc rémunérés par ces dernières, pour tester un produit, faire découvrir un lieu, un évènement, etc. Les marques se tournent d’ailleurs de plus en plus vers les micro- et nano-influenceurs (moins de 100 000 abonnés) pour relayer leurs offres car ces derniers ont généralement un pouvoir de recommandation plus efficace que les macro-influenceurs. 

Devenir influenceur, c’est maîtriser les algorithmes et la création de contenus

La première étape essentielle de tout futur influenceur est donc de se constituer une communauté engagée. Il faut beaucoup de talent et de travail pour fédérer de nombreux internautes autour de publications courtes. Tel un média, l’influenceur doit publier des contenus variés, souvent au format vidéo pour émerger. Il faut donc maîtriser la communication et ses outils modernes, pour réaliser une vidéo, la tourner, la monter, puis la publier. Il faut aussi s’astreindre à beaucoup de régularité dans le rythme des publications, et les formats… comme un grand média toujours. 

Il faut également maîtriser les algorithmes, ces formules mathématiques utilisées par les réseaux sociaux pour prédire et recommander des publications qui plaisent à leurs utilisateurs et les retenir le plus longtemps possible derrière l’écran. Si ce système permet à « n’importe qui » d’émerger en ligne et d’obtenir de nouvelles sources de revenu, il peut pousser certains à la surenchère pour être vus, toujours plus. Les influenceurs se retrouvent ainsi dépendants des plateformes et de leurs mises à jour techniques fréquentes pour nous garder toujours plus longtemps connectés. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Lush en 2021 à fermer ses pages sur Facebook et Instagram notamment

Pour durer il faut être 100% connecté et disponible, savoir intéresser son audience et entretenir les liens et il faut également suivre chaque évolution du fonctionnement des réseaux sociaux et toutes les tendances sur ces espaces. 

Le salaire des influenceurs, toujours plus surveillé et encadré 

Une fois une notoriété suffisante acquise, l’influenceur peut donc tenter de faire la promotion de marques au travers de posts sponsorisés. Là encore, le sujet n’est pas si simple. En effet, la règlementation est très claire : « Toute publicité, sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir être clairement identifiée comme telle. Elle doit rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée », (Article 20 – Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique). Le non-respect de cette règle sera assimilé à une pratique commerciale trompeuse. L’ARPP (autorité de régulation professionnelle de la publicité) explique ces règles dans un clip très clair et pratique sur les engagements des marques et des influenceurs.  

L’influenceur doit donc préciser via #sponso par exemple les posts qui lui apportent rémunération. Charge à lui de bien choisir ses actions sponsorisées pour ne pas perdre sa crédibilité durement acquise. Il doit aussi trouver l’équilibre avec sa communauté pour ne pas lasser ses abonnés avec trop de publicité. Du côté des marques, il est aussi aisé de perdre des contrats en cas de faux pas ! 

Pour preuve le cas de ces influenceurs qui s’affichent avec des tigres en captivité en selfie, ou qui font la promotion de la minceur avec des produits miracles ou la promotion non-déclarée de services de trading de bitcoin. Ils sont parfois même rattrapés par la justice comme l’a été Nabilla en 2021 et condamnés à payer des dizaines de milliers d‘euros. 

Peut-on gagner sa vie comme influenceur ? 

Aujourd’hui, le métier s’est professionnalisé et les plus grands influenceurs confient la recherche et le suivi de contrats auprès d’agences spécialisées. En attendant d’avoir une vraie communauté, il faut cependant se débrouiller seul et le métier n’offre pas de garantie de revenus et le salaire à la fin du mois. Il reste aléatoire et volatile. 

Si dans la bande annonce moquée par Hugo Clément, l’école promet d’obtenir 20 000 abonnés et d’engranger 5 000€ par mois (après avoir suivi une formation de 1 200€…), vivre de son influence n’est donc pas facile. Un influenceur avec moins de 10 000 abonnés peut gagner environ 120€ par post. Ceux avec plus de 500 000 abonnés peuvent espérer plusieurs dizaines de milliers par post. Le réseau TikTok propose également un fond pour les créateurs de plus de 10 000 abonnés avec des vidéos à plus de 100 000 vues. Le TikTokeur monsieur.laffaille explique ce fond dans une vidéo détaillée et précise qu’il n’est pas suffisant pour gagner sa vie sur le réseau. 

D’autant que le concept même d’influenceur est de plus en plus critiqué. De l’envers du décor pour les influenceurs et pour leurs abonnés à l’agaçante surexposition publicitaire sur les réseaux sociaux, le métier d’influenceur questionne et sera amené à évoluer pour perdurer. 

Un documentaire d’Arte TV sur Instagram illustre très bien le changement de paradigme : https://www.arte.tv/fr/videos/095729-000-A/instagram-la-foire-aux-vanites/ 

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